vendredi 31 août 2007

La peur du loup (Karin FOssum)

Histoire de fous sous les sapins norvégiens.

Il faut un peu de patience pour entrer dans l'univers de la norvégienne Karin Fossum et de son faux polar nordique : Celui qui a peur du loup.
La trame policière (un meurtre doublé d'une invraisemblable tentative de braquage) n'est qu'un prétexte à la mise en scène de trois «personnages».
Trois éclopés de la vie. Trois exclus de la société.
Un échappé de l'asile, un échappé de prison et un échappé de l'orphelinat (on aura reconnu ici, trois institutions bien commodes).
Ces trois-là se retrouvent bon gré mal gré errant dans la forêt aux confins de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.
Certains chapitres avec de longues digressions en compagnie des «voix intérieures» de ces trois cerveaux malades dérangent un peu et il faut du temps pour se laisser imprégner par l'atmosphère insolite de ce roman.
[...] Une fois, nous étions tout un groupe assis dans le fumoir, en train de jouer aux cartes. Errki était là aussi, mais il ne jouait pas, il ne supporte pas de jouer. Il était tard dans la soirée, il faisait noir au dehors, et le plafonnier était allumé. Tout à coup, Errki a dit de sa voix bizarre et tranquille : nous aurions dû mettre des bougies sur la table. Oui, j'ai pensé, ça pourrait être sympa. Je lui ai demandé s'il voulait aller en chercher une dans la cuisine, mais il n'a pas voulu. Les autres non plus. Ils pensaient que la bougie gênerait le trajet des cartes. J'avais mal pour lui. Pour la première fois, il avait proposé quelque chose, et personne ne voulait l'écouter. Et à ce moment-là, le courant a été coupé. Une obscurité absolue s'est abattue sur le fumoir et sur le reste de la maison, et il y a eu tout un chahut épouvantable tandis que nous nous marchions dessus pour trouver une lampe. «J'ai essayé de prévenir», a dit sèchement Errki.
[des trois échappés, vous devinez que le 'Errki' dont il est question ici, est celui qui vient de l'asile]
Mais la patience est récompensée et il finit par se dégager de ce bouquin un charme étrange.
On se laisse peu à peu prendre au jeu, tout comme nos trois éclopés, de la tête ou du coeur, qui finissent par lier connaissance au fil de l'intrigue.
À un point tel que le commissaire Konrad Sejer (le héros récurrent de Karin Fossum), qui se fait ici porteur de notre regard, semble traverser cette enquête sur la pointe des pieds et sortir de cette forêt comme à regret.
À regret de n'avoir pas vraiment pu pénétrer tous les secrets de ces trois personnalités-là.

Au final, il semble que nous ne sommes pas tombés du premier coup sur le meilleur épisode des enquêtes du commissaire Sejer.
À défaut d'avoir été vraiment convaincus par ce premier numéro, il va nous falloir réïtérer l'expérience avec un autre volume : à suivre donc !

Papillon parle de la série policière de Karin Fossum comme d'autres, sans oublier Critiques Libres.

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