jeudi 24 janvier 2008

Le demi-frère (Lars Saabye Christensen)

L'apprentissage de la vie (bis).

Il y a quelques jours on parlait du Fabuleux destin d'Edgar Mint de l'américain Brady Udall et voici un autre roman qui lui ressemble : Le demi-frère du norvégien Lars Saabye Christensen.
Deux gros pavés qui se font écho, on l'a dit la semaine dernière : des histoires d'enfance ou d'adolescence, de belles plumes amples et généreuses, des personnages et des décors hauts en couleurs.Et, donc une ... machine à écrire qui accompagne les héros des deux bouquins. Avec cette fois le norvégien, voici l'histoire de l'adolescence de Barnum et de Fred son demi-frère, pas tout à fait désiré, c'est un euphémisme :
[...] « Je n'aurais pas dû naître. » J'attendais qu'il continue, tout en espérant intérieurement qu'il se taise. «J'ai été introduit de force à l'intérieur de maman, avait-il poursuivi à voix basse. J'aurais dû être retiré. Arraché puis balancé. Mais maman n'a rien dit avant qu'il ne soit trop tard et le docteur Schultz était trop fin soûl pour se rendre compte de mon existence.» « Comment tu le sais ? » Fred avait souri. « J'ai écouté. J'ai écouté la cour. Le grenier. Les histoires traînent partrout, Barnum. »
Des histoires qui commencent à la fin de la seconde guerre sur fond de dénonciation et de spoliation de juifs alors que les enfants de père allemand sont enlevés à leur mère norvégienne pour être confiés à d'autres familles.Avec l'époque moderne, Barnum et Fred grandissent peu à peu.
Enfin non, Barnum ne grandit pas, justement, et il va rester obsédé et tourmenté par sa petite taille.
[...] Si seulement tout pouvait ne pas avoir eu lieu, si seulement le temps pouvait être remonté, d'un seul coup, pour que tout ce qui allait de travers aille de nouveau dans le bon sens. 
[...] « C'est peut-être une punition », murmurai-je. Elle donna un coup de canne sur le plancher. « Une punition ! Et qui voudrait nous punir, Barnum ? » « Je ... Je ne sais pas », balbutiai-je. Boletta poussa un soupir. « Peut-être qu'en fin de compte la punition, c'est notre condition d'être humain. »
Entre quelques allées et venues du père fantasque de Barnum, on suit peu à peu son adolescence avec son demi-frère, gâtés ni par la vie ni par la nature, entourés de trois femmes : leur mère, Véra, la grand-mère, Boletta, un peu portée sur la bière et pendant un temps, l'arrière-grand-mère, La Vieille, ancienne actrice du muet. Trois beaux portaits de femmes, trois fortes et originales personnalités.
Le roman, touffu, foisonnant, oscille entre les différentes époques, mélangeant astucieusement passé et présent, au gré des humeurs et des échos du temps, comme pour nous aider à mieux cerner ses personnages dans leur entièreté.

Pour celles et ceux qui aiment les grandes sagas norvégiennes. 
D'autres avis sur Critiques libres ainsi que celui de Gachucha ou d'Agapanthe. 
Chimère parle de ces deux bouquins, elle aussi.

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