mercredi 18 novembre 2009

Histoire d’Usodimare (Ernesto Franco)

Un homme à la mer.

Il y avait bien longtemps qu'on n'avait alimenté notre rayon des opuscules minuscules.
Le gênois Ernesto Franco nous permet de relancer la tradition avec son Histoire d'Usodimare qui tient en 76 petites pages découvertes chez L'arbre à lettres.
Un récit de marin :

[...] je lui réponds, comme je le fais toujours, que ce métier n'est pas un métier moderne.

Un récit de voyage (Usodimare doit d'abord rejoindre son bateau depuis Cuba) :

[...] De décollage en décollage, les avions que doit prendre Usodimare sont des appareils de plus en plus vieux. Des Antonov, de plus en plus souvent. Il écrit qu'il a l'impression de passer imperceptiblement des mains des pilotes à celles de Dieu.

Le récit d'une fin, celle d'un bateau déglingué qu'Usodimare doit accompagner jusqu'au Bangladesh pour la ferraille.

[...] À la fin, le bateau sera à eux, mais ce ne sera plus un bateau. Ils vont le dévorer comme des fourmis pleines de rouille, sous les pluies incessantes de leur pays, du plus profond de leur désespoir. Mais ils n'auront dans leurs mains blessées qu'une montagne de fer, une baleine mécanique, une onde magnétique.

Une histoire où s'entrecroisent différents récits : quelques traces laissées par Usodimare, quelques souvenirs, l'enquête minutieuse d'un officiel de la compagnie maritime, ... une belle écriture pour un récit insolite et étrange qui semble comme flotter à la dérive, entre deux eaux, entre ciel et mer, tant est proche la fin qui s'annonce.
Usodimare est une sorte de capitaine Achab sur sa baleine mécanique, obsédé par les souvenirs de ses femmes dont l'une lui aurait laissé quelque chose sur le bateau ? Quelque chose qu'il doit découvrir avant que les ferrailleurs de Chittagong ne s'empare de sa carcasse.
Comme tout bon capitaine, Usodimare sera le dernier à quitter son navire, ou du moins ce qu'il en restera une fois échoué sur les tristes plages du Bangladesh.
Un trop minuscule opuscule que l'on a relu après quelques jours pour mieux se laisser bercer par la houle des mots d'Ernesto Franco.


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de marins.
L'Arbre vengeur édite ces 76 pages qui datent de 2007 en VO et qui sont traduites de l'italien par Lise Chapuis.
Le breton Raphaël Gromy a réalisé quelques illustrations.
Télérama en parle.

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