samedi 21 septembre 2013

Noyade en eau douce (Ross MacDonald)

L’eau de la piscine était amère …

Dans la série : les bons bouquins lus cet été

Noyade en eau douce.
Les éditions Gallmeister ont ré-édité l’an passé ce polar de Ross MacDonald et comme souvent leur choix est judicieux car on jurerait un bouquin tout frais du jour, écrit à la manière de.
Une écriture sèche, à la manière des bons vieux polars des années 30, à la Chandler ou Hammet, ces romans où un détective privé de la côte ouest, un “privé”, entreprend de dénicher les vérités qui dérangent et qui ne sont jamais bonnes à dire, contre vents et marées et surtout contre flic un peu pourris et malfrats patibulaires ou presque.
Et pourtant ce bouquin à l’écriture étonnamment ‘moderne’ est garanti d’époque : c’est en 1950 que Ross MacDonald (pseudo de Kenneth Miller) écrivait les aventures de son privé fétiche : Louis Archer (incarné plus tard à l’écran par Paul Newman).
Et tous les ingrédients de la bonne vieille recette sont déjà là.
Une blonde coincée dans une famille à la Dallas, la famille Slocum.

[…] - J’ai l’impression qu’entre vous et votre belle-mère, ce n’est pas l’amour fou.
Elle haussa les épaules.
- J’ai arrêté de faire des efforts il y a bien longtemps. Elle ne m’a jamais pardonné d’avoir épousé James. C’était son petit chouchou d’amour et je l’ai épousé jeune.

Des armes à feu.

[…] - Votre ami a l’air très mécontent, dit le jeune Musselman. C’est un pistolet que vous avez là ?
- C’est un pistolet.
- Dites, vous êtes pas gangster ou un truc du genre, hein, monsieur Archer ? Je ne voudrais pas …
Il préféra ne pas finir sa phrase.
- Je suis un truc du genre, dis-je. Et vous ne voudriez pas … ?
- Bah, rien.

Du fric et du pétrole (Dallas, on vous dit !).

[…] - Gardez moi ça dans votre coffre jusqu’à demain, dis-je en tendant mon paquet par l’étroite ouverture.
Il le regarda sans le toucher.
- Qu’est-ce qu’il y a, dedans ?
- De l’argent. Une très grosse somme.
- À qui appartient cet argent ?
- C’est ce que j’essaie de savoir. Vous voulez bien le garder pour moi ?
- Vous devriez le porter à la police.
- Je n’ai pas confiance dans la police.
- Et vous avez confiance en moi ?
- On dirait bien.

Et alors bien sûr des cadavres.

[…] - Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? répétai-je.
- La pauvre femme s’est noyée. Ils l’ont retrouvée dans la piscine. Elle y a peut-être sauté pour s’amuser, ou on l’y a peut-être poussée. On en se baigne pas de nuit tout habillé. Pas quand on ne sait pas nager et qu’on a le cœur fatigué. Le chef dit que ça sent le meurtre.

En fait il y aura même pas mal de cadavres.
Ça commence avec une pièce de théâtre, du théâtre d’amateurs, mais on devine rapidement que le vrai drame se joue non pas sur scène mais dans la famille Slocum, là où la belle-mère dort sur des tonnes de pétrole et où chacun n’est pas forcément très content du rôle qui lui a été attribué.
Et alors comment ça finit ?

[…] La Californie réservait ses happy ends comme ses plus belles oranges à l’exportation.
[…] Son histoire était de ces histoires sans héros ni méchants. Personne à admirer, personne à blâmer. Tout le monde s’était fait du mal à soi, tout le monde en avait fait aux autres. Tout le monde avait échoué. Tout le monde avait souffert.

Un constat assez amer, cynique et désabusé, porté par Ross MacDonald (alias Kenneth Miller) sur une société en pleine transformation et un american way of life bien malmené, déjà en 1950 …
Je crois bien que c’est à Encore du noir que l’on doit cette excellente lecture.


Pour celles et ceux qui aiment les privés, les blondes et les pistolets.
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